Assemblée générale de l'OURS, 1994, avec Claude Fuzier

Le stand de l'OURS à La Rochelle (2007)

L’Office universitaire de recherche socialiste a été créé en 1969 par Guy Mollet. J’en suis le secrétaire général depuis 1992.
Alors assistant parlementaire d’André Delehedde, député du Pas-de-Calais, j’arrive à l’OURS dans une période difficile, en avril 1976. Difficile, car cette maison se remet alors à peine de la mort de son fondateur, tandis que de nombreux adhérents - peut-être plus proches de l’homme Guy Mollet que de ses idées - commencent à nous quitter.
Il a fallu s’atteler à la survie de l’Office, l’empêcher de s’éteindre lentement, ce qui a été réussi. Une petite équipe de « permanents » faisait vivre la maison : Suzanne Mollet, Olga Duperrey, Pierre Rimbert. À leur côté, un noyau de fidèles assistant à nos réunions du mardi, et rédigeant des articles pour nos publications :  Joseph Begarra, Pierre Cousteix, Guy Bordes, Christian Berthier, Adrien Spinetta, etc. J’étais chargé de la bibliothèque et de la réalisation du journal mensuel : collecte de la copie, mise en page. Il me fallait « tanner » les retardataires, rôle parfois ingrat ! Notamment quand je courais après Denis Cépède pour récupérer ses articles, éditorial de la « une » et mot du secrétaire général. Pierre Rimbert, quant à lui, s'occupait davantage des cahiers mensuels. À côté de cela, nous devions gérer et accroître la bibliothèque, recevoir les chercheurs, certes moins nombreux qu'aujourd'hui.
Il a fallu aussi faire comprendre qu’un centre créé par Guy Mollet ne passerait pas son temps à justifier l’action du fondateur en des périodes troublées et difficiles pour la gauche. La façon dont nous avons mené à bien, par exemple, l’histoire de la SFIO de la Libération à 1969 atteste que nous n’avons jamais pris la plume du panégyriste.
Mais il a aussi fallu vaincre le conformisme ambiant. Nous n’avons jamais été, comme a pu l’écrire en 1975 Jean-François Bizot dans son livre Au parti des socialistes, « l’équipe de Guy Mollet qui, après la mort du vieux maître, se satisfait de ses souvenirs ». Nous le savions, nous, mais il nous a fallu de longues années pour faire passer un autre message, en supportant regards, sourires, commentaires.
Nous avons aussi pu maintenir une structure d’accueil pour des socialistes - pas forcément « encartés » - souhaitant discuter entre eux d’histoire, ou des grands problèmes de notre temps, en nous adaptant en permanence à la réalité du monde qui nous environne. En refusant les dogmes, en remettant en cause les situations acquises, en ne prétendant jamais détenir la vérité.
Nous avons aussi pu offrir (par nos réseaux d’amitié, irremplaçables et par notre savoir-faire) aux chercheurs une bibliothèque et un centre d’archives incontournables et inégalés à ce jour sur le socialisme et son histoire : des milliers de livres et brochures, des affiches, photographies, des centaines de collections de périodiques. Sans oublier, bien sûr, nos fonds d'archives, précieux entre tous, qui s'accroissent en permanence. Là aussi, le bilan est impressionnant, pour toutes les périodes de l’histoire du mouvement socialiste, de ses origines à nos jours, car nous ne nous limitons pas au socialisme des origines, et pas davantage à l’histoire de la SFIO, nous intéressant aussi au socialisme de ces dernières décennies. Les derniers fonds déposés à l’OURS en attestent.
C’est sans doute pour toutes ces raisons que l’OURS a survécu depuis maintenant près de quarante ans, sous l’impulsion de ses présidents successifs : De Jacques Piette à Adrien Spinetta, de Pierre Guidoni à Alain Bergounioux aujourd’hui.
Sans doute aussi grâce aux liens qui nous unissaient, jeunes et anciens : il y a un « climat », un esprit OURS… recherche désintéressée, volonté de transmettre.
Jeunes et anciens, mais aussi universitaires et non-universitaires. L’expérience originale de l’Office a été initiée par des non-universitaires. Pour autant de nombreux universitaires nous ont rejoint ces dernières années, certes avec leurs centres d’intérêt, leurs méthodes de travail, leur vécu. Mais ils s’intègrent parfaitement dans notre équipe, et deviennent des militants de l’OURS, en fonction de leurs envies, besoins, approches personnelles.
Cette expérience est aussi originale et ambitieuse, car elle n’entend pas limiter ses activités. Là ou d’autres se contentent de faire vivre une revue, un journal, une bibliothèque, un centre d’archives, nous, nous entendons mener tout cela à bien en même temps.
Les objectifs et moyens d’action définis en 1969 autour de notre Manifeste par Guy Mollet et ses proches (Claude Fuzier, Denis Cépède, etc.) restent valables. L’OURS doit rester un espace de discussion indépendant, socialiste certes, mais non impliqué sans l’actualité et ses soubresauts ; fidèle à quelques grands principes, même s’ils sont parfois oubliés, ou semblent passés de mode ; libre et ouvert à tous ceux que la recherche sans arrière-pensée intéresse ; non passéiste, mais puisant dans l’histoire des enseignements pour le quotidien et l’avenir.
Aujourd’hui, dans toute l’histoire du mouvement socialiste, aucune école n’a atteint une telle longévité, même celles soutenues directement par une formation politique. Cela nous incite à continuer.
De 1969 à décembre 2006, l’OURS était situé 86, rue de Lille Paris (7e). Depuis janvier 2007, il est installé dans de nouveau locaux, 12 Cité Malesherbes 75009 Paris.

Les personnes intéressées par un historique des trente premières années de l’OURS pourront se reporter au dossier « 30e anniversaire de l’OURS » publié dans le n°7 (juin 1999) de la revue recherche socialiste, éditée par l’Office. On y trouve des articles de Pierre Guidoni, Édouard Boeglin, Guy Bordes, Jacques Fleury, et de moi-même.

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